jeudi 28 octobre 2010

L’ÉLÉPHANT, LE SERPENT ET LA MORT



Octobre a été le mois du caral (mil jaune), mais il aura amené en plus bien des surprises.

L’ÉLÉPHANT
D’abord, on a eu droit à la venue des éléphants dans le secteur. Un troupeau d’une centaine de têtes (deux cents pour les plus menteurs) ont sillonné les brousses et les champs de culture aux alentours de Moutourwa. Ils venaient de la région du parc national de Waza, situé plus au nord. On ne les avait pas vus par ici depuis une quinzaine d’années. Je n’avais pas trop le goût mais je suis allé, et j’ai été bien impressionné. Un éléphant, c’est gros puis ça détruit un champ en un passage. Je n’avais pas la caméra; je suis retourné à deux reprises les jours suivants sans succès. Je n’ai que l’empreinte ci-jointe comme preuve…À vous de me croire ou pas!

LE SERPENT
Ce serpent a la même taille que notre petite couleuvre, mais on le nomme ici « vipère ». On le croise souvent en saison des pluies, comme c’est l’époque où tout le monde est en brousse. Le fils de mes amis Yuguda et Jacqueline aurait été mordu par un sans qu’il s’en rende compte, en s’amusant dans les hautes herbes la semaine passée. Il s’est retrouvé une semaine à l’hôpital, a perdu beaucoup de sang mais comme c’est un lutteur, il a survécu. C’était difficile de le voir si faible et les parents si désemparés. Quand on doit hospitaliser un membre de la famille, on doit s’hospitaliser un peu aussi : il faut nourrir le malade, le soigner, aller acheter les médicaments qui manquent sur place…et payer pour tout bien sûr. Jacqueline passait les journées avec ses deux petits jumeaux qu’elle allaite encore; les sœurs de Yuguda passaient la nuit.

ET LA MORT
J’étais soulagé à mon retour de Kaélé pour le weekend, d’entendre que le jeune Étienne était rentré; il n’y avait qu’un des jumeaux qui était enrhumé. J’ai eu tort de banaliser un rhume. On m’apprenait ce matin que le petit jumeau Sine est mort à la maison vers trois heures ce matin… Je reviens de chez Yuguda et Jacqueline. Yuguda racontait que dans la nuit, alors qu’il quittait son boucarou pour aller vérifier l’enfant, il a rencontré Jacqueline qui sortait de sa case; ça n’allait déjà plus. Ils ont creusé un trou, fait une petite prière et enterré l’enfant dans un tissu blanc… Si vous vous rappelez la naissance des jumeaux, ça avait été très rapide. Pour la mort de Seni, ça a été aussi vite. La différence vient du fait qu’après le premier événement, c’était le bonheur qui s’installait… Ce qu’on peut essayer de faire, c’est de suivre le conseil de Barnabé, l’aîné de la famille. Il me disait que pour les guizigas, quand un jumeau meurt, trop le pleurer peut entrainer l’autre…
DERNIÈRE HEURE: Ayez une pensée pour le petit Étienne. Il a recommencé à saigner cette semaine. Il est à l'hôpital de Maroua. Je vais le visiter aujourd'hui. Carole, Les Soeurettes: Allez allumez un lampion...

jeudi 7 octobre 2010

EN BREF!


Une ou deux pluies encore…
D’ici quelques semaines, on sera en saison sèche. Cette année, il faut dire que les pluies ont été généreuses à Moutourwa. Les gens ont bien récolté le mil rouge, le haricot, le gombo… Pour ma part, ma parcelle d’arachide a donné : « Deux! » Que je réponds à la question du nombre de sacs amassés. Le sac habituel fait bien 1 mètre par 50 centimètre; moi je fais allusion à deux petits « ziplocs » : juste assez pour un petit snack!

Octobre sera jaune comme l’or!
On le sème avec le pieux, on le considère comme le pilier de l’alimentation : c’est le mil jaune, ou sorgho, ou mosoko. Pour la seconde fois, je verrai pousser ce trésor de céréale; on le cueillera pas très longtemps avant mon départ.

Derniers grands travaux
Si tout s’enligne, je serai un peu occupé pour les cinq mois qu’il me reste ici. D’abord, on organisera une grande rencontre entre les ONG (Organisation Non Gouvernementale) qui font dans le développement sur le territoire de Moutourwa, et les associations de développement de village. Le but : faire connaître les uns aux autres et susciter des partenariats.
Le second projet implique le comité que j’accompagne dans le « programme de renforcement des capacités » de la commune (une expression bien à la mode du développement). Ce comité est très dynamique et m’a toujours soutenu. Avec eux, on ira donc visiter un comité dans un autre arrondissement (Tchatibali), question de profiter de leur façon de travailler. Ça devrait être le fun!
À part ça, je continu à travailler avec la Fédération de paysans du coin. On a terminé la tournée des associations et les sondages; on doit présenter bientôt à tous une restitution des résultats…Burp! Avec cette photo, ils verront ce qui est bien et ce qui l’est moins dans leur structure.
Enfin s’il y a le temps et l’intérêt, on verra si un réseau de bibliothèque de village pourrait prendre forme par ici… À suivre!

J’suis plus jeune
Une bande de nouveaux volontaires sont arrivés il y a peu dans l’Extrême-Nord. Ils ont tous moins de trente ans. En plus d’être un des plus anciens comme volontaire, je mérite le titre du plus vieux (presque le plus vieux). Heureusement que j’emploie NIVEA et que j’aime encore fêter, comme ça mes « vers » cinquante ans, je ne les fais pas. :)
p.s. La photo est de mon amie Sylvie Trépanier, photographe. Vue panoramique du paysage lunaire de Rumsiki, Extrême-Nord...Beauté extrême!