mercredi 25 novembre 2009

PETITES MISÈRES…



Bientôt 21h00. Les enfants du voisinage vont terminer leurs chants traditionnels et le silence va s’installer sur le quartier. Je me promet d’aller m’asseoir avec ces groupes de petits qui presque chaque soir animent les alentours. Comme y’a peu la télé et peu l’éclairage, on occupe les débuts de nuits en se racontant des histoires et en chantant…
Après le travail, je suis passé voir le maire chez lui. Il a un mauvais « palu » et terminait de prendre sa perfusion quand on s’est pointé, moi et Aminou. Il a bien maigri depuis quelques temps; il m’inquiète un peu. On a mangé la boule et la sauce avec lui, on a parlé boulot et on l’a laissé. Je trouve ça triste mais il va s’en sortir; il n’est pas dans la misère…
Petite misère, je te croise quelquefois et ça me chavire l’espace d’un instant. Petite misère quand je vois la vieille maman revenir de la brousse avec le tas de bois sur la tête : elle a marché peut-être dix kilomètres sous un soleil de plomb. Elle est en sueur et tombe presque quand elle s’assoit par terre après avoir déposé son fardeau.
Petite misère quand je m’approche bêtement d’un joli boucarou dont le toit est chargé de légumes et d’oseille qui sèchent. Je veux la permission de la vielle assise par terre (pas celle de la brousse) pour prendre une photo. Elle m’accueille en souriant et veut se lever, mais sa cheville enflée comme deux la cloue au sol. Je m’excuse bêtement encore et je la laisse.
La petite misère est surtout ici féminine ou quelquefois petite comme l’enfant qui une fois sur peu, 1 sur 10 ou je sais pas trop, n’atteindra pas deux ans.
Ma seule petite misère qui n’en est pas une, est que je n’ai pas l’eau courante. Mais avec le sourire que je vous offre sur la photo, ma douche extérieure ne semble pas trop m’affecter.

vendredi 6 novembre 2009

CHOLÉRA ET FAITS DIVERS


ALERTE AU CHOLÉRA
Le mot est fort je le sais, mais le choléra rôde depuis deux semaines à Moutourwa… Mardi surpassé, j'étais à Maroua pour le travail. Au retour, le mototaxi Anima m’annonce qu’un jeune vient de mourir à l’hôpital du choléra. Les cloches de l’épidémie se mettent à résonner dans mon « mental »; je me dirige au marché public (qui se tient le mardi à Moutourwa) pour avoir la nouvelle juste. Là, il y a l’ambulance et le médecin chef de l’arrondissement dedans; il me confirme le décès et la façon dont il contrôle la situation (désinfection des puits; distribution de comprimés au voisinage du défunt et sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène). Je me sens rassuré et offre ma collaboration si jamais il y a besoin. Il y a eu un autre cas le mercredi, mais on l’a pris à temps et sauvé. Aujourd’hui, on annonçait cinq cas(parfois dix) dans le village de Tinting, mais tous sous contrôle. Pour votre info, le choléra est un virus qui se développe facilement dans des endroits insalubres. Comme on est ici en fin de saison des pluies et en intense période de travaux champêtres, les risques sont là. Comme je me lave les mains et filtre mon eau, ne vous en faites pas.

p.s. SI VOUS PERCEVEZ DES TENSIONS DANS LE TEXTE, CE N’EST PAS LE CHOLÉRA, MAIS LES VOISINES DE DERRIÈRES QUI SE DISPUTENT DEPUIS TROIS HEURES ENVIRON. COMME JE NE MAÎTRISE PAS ENCORE BIEN LE PATOIS, LE SUJET DE LA DISCORDE M’EST INCONNU…

DEUILS À LA DOUZAINE
Le mois d’octobre et novembre sont occupés par les nombreux décès. Mme Bernadette, la 2ème adjointe au maire a perdu une sœur la semaine passée, frappée par la foudre, et un frère ce weekend, en visite au village pour un autre décès. Faut dire que Bernadette a souvent des deuils dans sa famille; elle a cent onze frères et sœurs. Son père avait plusieurs dizaines de femmes; elle est la treizième du groupe.

VISITE AUX LAWANES
Avec mon travail, je débute la réalisation des actions choisies à la suite des entrevues et recherches. Le premier mandat est de regarder des façons d’augmenter les recettes provenant des impôts libératoires (taxes municipales). Moi et Aminou (qui a eu un petit Serge : voir plus loin)) avons visité à moto, hier et aujourd’hui, trois Lawanes et le Lamido pour voir ce qui va ou non dans la collecte des impôts. Les chefs traditionnels (le Lamido comme chef de l’arrondissement; les Lawanes comme chef de villages), ont la responsabilité de percevoir les impôts pour la commune et ce n’est pas fait également selon les villages. J’ai adoré ma rencontre avec le Lawane de Mougoudou, qui nous racontait que comme il a la confiance de ses gens, ce n’est pas difficile de récolter l'impôt. C’est vrai car 100% des gens ont versé. Le Lawane de Dourdoum, on l’a trouvé à deux kilomètres dans la brousse, en train de semer son « mosoko ». Il expliquait que les 11 000 Francs CFA manquant, il avait dû les prendre pour cause de maladie, et il les rendra bientôt, sans problème. Il me confit que si il pouvait retourner à la maison, il me donnerait un poulet en guise de remerciement : c’est rare qu’un blanc se déplace jusque dans la brousse pour avoir son opinion… Si il savait combien ces moments me sont précieux, c’est moi qui lui devrait… un bœuf!

LE PETIT SERGE D’AMINOU
Asta, la conjointe d’Aminou, a accouché d’un beau gros garçon il y a quelques semaines. Le travail était un peu long, il n’y avait que la tête de sorti et ça bloquait. Aminou a été inquiété. Le médecin croyait que la césarienne était nécessaire, ce à quoi Aminou a protesté le manque des quatre-vingt-dix milles FCFA requis (150$ Can). Heureusement, l’infirmier a pris la situation en main : il a repoussé l’enfant à l’intérieur, a fait quelques massages sur le ventre de Asta, et proutt!, l’enfant est ressorti « bingo! ». Ce qui m’a un peu gêné par la suite, c’est qu’Aminou a ajouté « Serge » aux quatre ou cinq autres prénoms de l’enfant. Cré Aminou!
P.S.La photo a été prise à la récolte de mes arachides. Ruth, Djidda et Sekvou m'ont aidé à cueillir un GROS quart de sceau...