vendredi 25 juin 2010

JEUDI SOIR




La lumière est revenue vers 16hre, après 3 jours d'absence (chose normale en saison des pluies) dans le quartier mais pas dans notre concession: allez savoir pourquoi… Mon voisin m’a annoncé cela en sous-entendant qu’il faudrait faire quelque chose. Il m’a un peu fait suer et je lui ai fait sentir : c’est moi qui a fait réparer les deux dernières fois, chacun notre part peut-être?
Je suis parti au quartier, en essayant de me calmer un peu : je ne suis pas le grand manitou pour tout…après tout!

Au stationnement, je rencontre Djidja Bralus, une volontaire nationale en éducation qui a été sélectionnée lors d’un concours de la fonction publique camerounaise, pour être animatrice dans le domaine de l’élevage (ou l’agriculture, j’ai oublié). Elle revient de Yaoundé pour la troisième fois en rapport à cet emploi. Imaginez que tous les candidats à titre de fonctionnaire d’état doivent se déplacer par leur propre moyen deux ou trois fois dans la capitale (à 1 200km d’ici) pour remplir de simples formalités. Ils doivent y retourner car on avait pas tout prévu là-bas…simplement. J’ai donc pris un jus (elle un jus, mais moi une bière) et nous avons bavassé un peu. Elle me disais combien c’est désordonné la fonction publique d’ici. Moi je trouve que ce désordre est quasi criminel pour les gens recrutés. En plus, quand on t’affecte dans un lieu, le premier salaire ne viendra qu’entre 8 et 12 mois après le début du travail.

Je souhaite donc bonne chance à Bralus et me dirige vers chez Dada Blandine pour chercher mes habits que la fille de Dada, Chantale, à lavé. La sœur de Dada Blandine est là. Elle se nomme Ilumlé Marie (Ilumlé c'est-à-dire « j’ai trouvé »). On m’a fait asseoir sur la chaise pliante de Baba Ali, le père. Les deux femmes sont sur le sable, les jambes étendues et le dos droit comme un « i ». Je les trouve dans leur simplicité très dignes : elles discutent en bougeant juste assez, elle sont douces et sont attentives à tout le monde sur place. On est tout près du marché du vin, et comme par hasard, un seau de BilBil arrive dans la concession. La calebasse passe je l’accepte. On discute sous la presque pleine lune. Les deux femmes avaient déjà commencé à boire avant mon arrivée, mais elles restent « nobles ». Ici, les femmes boivent presque autant le vin de mil que les hommes. Les enfants y goûtent également, je vous l’ai déjà dit.

En rentrant à la maison, je trouve que la lumière y est revenue également. Le voisin s’est peut-être forcé… à moins que ce ne soit pour ne pas manquer sur sa télé le dernier match du Cameroun au Mondial de Foot!

N.B. J’ai monté un nouvel abri anti-chêvres pour mon manguier, avec les amis Isaac et Henri. Ce message est pour ma sœur Mado qui la seule me demande des nouvelles de mon protégé.

jeudi 17 juin 2010

FAUT QUE ÇA SORTE!




Je voudrais me tenir loin de certaines personnes qui se comportent d’après moi très mal. Je voudrais les éviter mais quelquefois elles me barrent la route. Je les regarde sans réagir vraiment…

Quelques exemples…pour aujourd’hui seulement
-Une voisine semble très malheureuse dans son mariage imposé alors qu’elle avait quatorze ans. Vingt années de plus et sept enfants, elle boit un peu pas mal pour supporter. Je suis gentil c’est tout.

-J’ai assister à une prise de becs entre les parents d’un ami proche. Le père ne faisait qu’insulter la mère; elle m’a salué les larmes aux yeux, pendant que son aînée partait à l’hôpital avec sa petite sans même me voir. J’ai accompagné l’autre fille du couple au marché du vin tout près, pour l’assister dans la vente de l’unique baril de bière qu’il restait : les porcs avaient versé les deux autres. J’aurais aimé gronder le papa; je l’ai salué c’est tout.

-Une séance de travail avec un autre volontaire étranger m’a demandé tout mon petit change. Lors d’une visite d’un projet dans un village, son apparence (je lui laisse la chance de m’être tromper) de condescendance et de mépris m’a enragé. Je l’aurais envoyé « chier » sur le champ, mais est-ce que cela aurait servi le projet qui risque d’obtenir les fonds d’un ONG dont il est le représentant. Je l’ai regardé seulement (et Dieu sait que mon regard est expressif).

Se résigner ou pratiquer la résilience?
Quand on a seulement l’argent pour acheter les haricots pour la trâlée d’enfants, on peut difficilement s’enfuir d’un foyer difficile. On supporte.
Malgré les mille pépins qui arrivent en même temps, on doit pousser pour tenir la tête hors de l’eau.
Quand le « blanc » nous regarde comme des idiots parce que lui sait tout, on dit « oui Monsieur. Merci! » L’argent qu’il apporte passe difficilement deux fois la même semaine.

Devrais-je consoler la malheureuse, gronder celui qui gronde ou planter celui qui fait suer le peuple?
Devrais-je me résigner ou pratiquer la résilience?
Devrais-je me révolter ou simplement pratiquer ce que l’on nomme PATIENCE?

N.B. Les photos sont prises au fleuve Logone, qui sépare le Cameroun du Tchad.