jeudi 15 octobre 2009
DONNER OU NE PAS DONNER?
Eh bien voilà! Après tous les bons mots sur mon coin d’Afrique et toutes les fleurs lancées, arrive ce petit pot de fiel. Il est temps, me direz-vous?
Depuis mon arrivée, je me fais souvent aborder avec des demandes qui ne m’agaçaient pas trop au début mais qui à la longue me déstabilisent un peu. Veut, veut pas, le blanc que je représente est associé à moyens et possibilités : moyens financiers et possibilité pour le pauvre de profiter un peu. Il y a quelques enfants qui me lancent « Donnes-moi le bonbon! »; « Donnes-moi l’argent! »; « Je n’ai pas le cahier! » Il y a quelquefois les vieux : « Je n’ai pas le médicament. » Le petit qui puise mon eau m’a rappelé plus d’une fois que je dois lui donner mon IPOD (pour lui, je l’ai placé UNE fois). Il serait aussi normal pour plusieurs que je leur laisse en quittant mon ordinateur. Ils vont ploguer ça où?
Soit j’exagère, soit j’ai les traits d’une proie facile, mais « Issa gam mbrike? » (on va faire comment?) Je le répète, ça n’est pas la majorité, loin de là! Et c’est sûr qu’ils sont moins insistants que les itinérants du centre-ville à Montréal. Mon amie Ruth a lu quelque part que pour l’Africain, le fait de demander est souvent normal et pas déplacé. Il te partage sa culture ou t’aide à trouver la tomate au marché, tu lui donnes l’argent, c’est simple… (peut-être aussi un peu simpliste comme explication). On dit également que le blanc, le missionnaire, le touriste et toutes les ONG qui envahissent le continent se plaisent à jeter à tous vents bonbons et billets qui contribuent à entretenir le mythe du « Nasara » plein aux as. Il faut vivre avec cette réalité et savoir tracer ses propres limites. Serge le gentil doit se montrer radin quand il le faut, il n’en retirera que de solides amitiés.
Voilà c’est dit! J’espère que cela ne ternira pas l’image angélique et pastorale de mon petit Moutourwa. Si cela nuit, je m’en voudrai d’avoir été trop bavard, car :
A jidam a dirwad a mi hiri ngi mutuha ta.
(On ne monte pas au grenier sous le regard d’un orphelin)
Le grenier est le lieu où on garde les vivres. On lance ce proverbe quand on te trouve avec quelque chose et que l’on te demande de partager.
Oups! Un petit aparté rigolo : Ruth assistait à un mariage d’une camerounaise avec un ancien volontaire anglais le weekend dernier. Elle a trouvé le maire qui célébrait à l’hôtel de ville très drôle dans ses questions aux futurs époux :
MAIRE -Mademoiselle, c’est un mariage d’amour ou de visa?
MADEMOISELLE –Un mariage d’amour!
MAIRE – Bravo! Vous êtes l’exception. Monsieur, c’est un mariage d’amour ou touristique?
MONSIEUR – Un mariage d’amour!
MAIRE - Bravo! Vous êtes l’exception…
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