lundi 1 février 2010
IR LE A MADALA
Du samedi 30 janvier 2010, je dirais : « Je suis allé à la chasse (Ir le a madala). Je n’ai rien tué, mais à la fin, j’étais mort! » Je vous raconte…
Depuis quelques semaines, les gars au village me parlent de la chasse « traditionnelle » qui commence bientôt. J’ai « 0 » intérèt pour la chasse habituellement –au grand dam de mon beau-frère Patrice- mais je me dis qu’en bon Guiziga en formation, je ne peux passer à côté de cet événement. Je parle donc de ma passion soudaine à mon ami Yuguda; il me propose de l’accompagner à la prochaine expédition. Je m’engage à apporter l’eau et quelques fruits pour le groupe. Yuguda rit en me disant que le groupe se compose de plus de 100 gars. Oups!
Description sommaire : la chasse traditionnelle est menée par un chef chasseur. Le soir précédent, on imite partout dans le village le cri d’un oiseau, annonçant ainsi le départ pour le matin qui vient(je tiens à dire que je n’ai pas entendu ces cris). Moi, Yuguda et d’autres, on se rend à environ 400M en brousse. Là, on attend. Au bout d’un moment, plusieurs dizaines de chasseurs sont alignés sur les rochers aux alentours, avec les armes en main : deux « tokom »(bâton se terminant en « T ») et une fronde.
Au signal du chef, les cent et quelques gars vont s’enfoncer dans la brousse, alignés sur plusieurs centaines de mètres. Aucun animal se trouvant sur ce large sentier ne pourra se cacher aisément. On a fait comme ça on m’a dit vingt-deux kilomètres, avec un petit arrêt de trente minutes au village de Kalaf. J’ai vu les gars abattrent un genre de perdrix, en lançant pas moins de dix « tokom » dans l’arbre ou l’oiseau se trouvait. Un peu après, Yuguda et un autre se sont battu pour un lapin : l’autre est reparti avec l’animal.
Vous ne seraipas étonné d’apprendre que je n’ai rien tué. Mais soyez sans crainte, j’ai sauvé mon honneur en disant à tous les voisins au retour que j’avais pris un lapin, une pintade et une belle grosse souris… Un chasseur, c’est comme un pêcheur, ça arrange la vérité, non?
Je ne crois pas retourné demain, mais je participerai à la fête traditionnelle clôturant la saison. Et comme d’habitude, on m’a interpellé maintes fois aujourd’hui pour me dire combien c’était étonnant de me voir participer à ces événements populaires. Certains me trouvaient peut-être un peu « nono », mais la plupart étaient sensibles à ma présence.
Doudou, ma sœur, est en deuil.
Lundi dernier, le mari de Doudou (la grande sœur de Christophe) ne s’est pas réveillé. À midi, on enterrait cet homme de vingt-huit ans, laissant six jeunes enfants à deux femmes. Doudou a 4 de ces 6 petits. J’e l’ai vu aujourd’hui chez elle. Elle dit que c’est peut-être une crise de cœur, dû au surplus de poids de son mari. Je ne savais pas quoi dire. J’ai envoyé chercher pour 200Francs de vin de mil, ça nous a changé les idées un peu.
Le message de ces deux histoires : aller à la chasse garde la ligne et le vin en petite quantité est bon pour le cœur… Ouin. Ne me félicitez pas pour la sagesse de cette finale!
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1 commentaire:
Salut!
Ta carrière de chasseur aura pas duré longtemps....Mais l'important, c'est que tu as connu ces gens dans un contexte qui doit faire parti de leur histoire depuis la nuit des temps....Dans le fond, nous aussi nos ancêtres ont dû se nourir longtemps à peu de choses près de cette façon. Et si tu peux, on aurait besoin ici aussi à l'occasion d'un peu (ou beaucoup) de vin de mil pour se changer les idées.....Ton fan club n'a plus de tes nouvelles....Alors, on se demande pourquoi.....Même si on ne t'écrie pas souvent, on aime entendre parler de tes aventures et tes commentaires.
Andrée
XX
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