vendredi 24 avril 2009
MON CHEZ MOI A MOUTOURWA
Ma maison n’est pas le “boucarou” traditionnel d’ici mais une habitation de briques: une grande pièce principale, une autre servant de cuisine et ma chambre (je sais, j‘ai déjà énuméré ça avant, mais je vais développer un peu plus). L’extérieur est tout rose et un bleu ciel est au-dedans. Je garde les murs vides pour l’instant, à part une carte du Cameroun reçue à mon arrivée.
Le parterre est de sable, je l’ai fait nettoyer par Isaac, un jeune du quartier, le frère de Wulkam qui puise mon eau chaque semaine. Bientôt, je planterai des arbres, question d’amener l’ombre, d’ici quelques années. Mes parents en ont planté une soixantaine dans la maison familiale au pays, je continue la bonne habitude.
“Et la chaleur?” comme on me dit ici quotidiennement. Et bien la chaleur, elle est partout, même dans ma maison. Le thermomètre grimpe souvent à 36C en après-midi et ça peut aller à 4h du mat pour retrouver un 30-31C... J’ai le ventilateur qui ne pousse rien de bien frais. Je laisse aussi sûrement un bon litre de sueur dans mon lit chaque nuit, pas à avoir fait ce que votre esprit mal tourné pense... Ça vous semble pénible mais on s’y fait. Ma collègue au travail me dit qu’en décembre, il va faire bien frais: on devra mettre le chandail et se couvrir pour dormir...brrr!
Je l’ai peut-être déjà dit, mon habitation est sur un grand terrain entouré d’une clôture de brique, dans le quartier Bongolori. Dans cette “concession” se trouve deux autres maisons comme la mienne. Celle dans face est louée par Constantin un professeur d’allemand. Il est marié et père du petit Martial. L’autre abrite une famille plus grande. Le mari est gendarme, on ne le voit pas souvent. Sa femme (très gentille, je l’aime bien) attend un huitième enfant; les sept qu’ils ont sont âgés entre deux et dix-huit ans environ. Eux, il n’ont pas la lumière (l’électricité). Le soir, je les entend jaser; ils dorment souvent dehors, c’est plus frais. Moi, le blanc qui dort avec son moustiquaire, je reste plutôt à l’intérieur.
Pour mes ordures, je les brûle de temps à autre et je nourris les cochons d’une autre voisine avec mes restants de table. Dans la concession, il y a quelques chiens et chats, des chèvres et un bouc. Ah oui! Depuis hier, il y a des petits crapauds gros comme des balles de golf, signe que la saison pluvieuse est en route.
jeudi 16 avril 2009
MON TRAVAIL AU CAMEROUN: PAR LES LIENS DU SANG
On parle de moi ici comme volontaire. Ce terme est plus utilisé en anglais (volunteer). Je suis davantage un coopérant, lié à la commune (la municipalité) de Moutourwa. Mon rôle est de collaborer au renforcement des capacités des élus et des employés, dans le grand projet de décentralisation voté en 2004 au Cameroun, mais pas encore effectif. Quand tout sera enclenché (on parle de 2010-2011), plusieurs pouvoirs additionnels de gestion seront transférés aux communes tel l’éducation, la santé, etc. Le projet que VSO et Moutourwa pilotent veut aider le peuple d’ici à affronter ce cadeau qui arrive, en améliorant sa gouvernance et son efficacité.
Le 29 avril, je tiendrai avec tous les intervenants une grande rencontre qui lancera le projet Notre Commune Notre Avenir. Avec un comité de travail, on fera un inventaire des forces et des faiblesses de la commune, à partir duquel on établira un plan de match pour les prochaines années (formation; sensibilisation). La toile de fond de tout ceci est l’accès aux services de base pour les populations vulnérables.
Vous vous demandez sûrement ce que je fais dans le municipal? La réponse vient de mon bagage génétique… En effet, mon père, Richard, a travaillé presque toute sa vie dans le municipal. Il a été d’abord secrétaire municipal, ensuite responsable de tous les services du village (incendie, eau, collecte des ordures, entretien des routes, permis de constructions, etc.). La discussion autour de la chose municipale était quotidienne à la maison familiale. Le fait que je sois d’un « petit » village (en Gaspésie) m’a donné aussi, sans que je m’en aperçoive à cette époque, une image très claire du fonctionnement de la « bébitte municipale ». -Richard, tu dois bien rire là-haut, à me regarder patauger dans les services publics africains. En tout cas, je compte sur toi pour nous aider à réparer les fuites…
DEUX ANS DE BONHEUR AU CAMEROUN...LE SORCIER DE RHUMSIKI ME L'A DIT
Un autre texte à saveur touristique. Que voulez-vous, c’est frais d’hier! Moi et mon amie Karine avons passé 3 jours dans les monts Mandara : la chaîne de montagnes frontalière entre le Cameroun et le Nigeria. La route de 50 km pour se rendre à Rhumsiki (le petit village touristique de la région) n’est pas asphaltée; elle est très pierreuse et plus accueillante pour les 4X4 que pour les autos. Rhumsiki est nichée entre des montagnes aux formes étranges, qui rappellent un décor lunaire ou des paysages du désert du Nevada. On dit Rhumsiki très touristique mais l’accès difficile lui donne seulement quelques dizaines de voyageurs par semaine, au maximum, et pas durant toute l’année.
Promenade de 5 heures dans les hauts et les bas, du côté nigérien ou camerounais, mais toujours au milieu des Kapsiki, le peuple qui habite cette région. Visite incontournable chez le vieux sorcier au crabe, qui moyennant 1000 francs (2$can), m’a confirmé que je serais très heureux durant mon séjour de deux ans en Afrique.
Durant la nuit, on a été tenu éveillé quelques heures par des cris bizarres de lamentation. Au matin, les gens de l’hôtel nous ont expliqué que la jeune voisine pleurait son jeune enfant de un an, ramené sans vie de chez ses parents dans la soirée. Cette façon de se lamenter selon une coutume précise nous étonne mais surtout nous ébranle.
Concernant la mort ici, il y a beaucoup à raconter. Faute d’argent ou de place dans les cimetières, et surtout par tradition, les morts sont souvent enterrés sur le terrain de la maison familiale, sans cercueil et le jour même du décès (à 40C, on ne s’expose pas trois jours sans vie). Aussi, on explique presque toujours la mort avec la sorcellerie, dans ce pays qui longtemps ne comptait que des peuplades animistes (explication de la vie par la nature : les animaux ont une âme, etc). L’héritage animiste est encore fort…attention donc aux mauvais sorts…
jeudi 9 avril 2009
PETITE MAISON JOLIE
Si vous parcourez les guides touristiques sur le Cameroun, on vous montrera souvent la maisonnette au toit de paille. Vous penserez peut-être que c’est la façon traditionnelle et qu’elle tend à disparaître...détrompez-vous! Pour cent maisons qui m’entourent, quatre-vingt-quinze ont cette allure de carte postale.
On commence la construction par le choix d’un emplacement. Avec la terre glaise qui forme le sol environnant et un peu d’eau, on fait un genre de ciment que l’on malaxe avec les pieds. On moule la brique rectangulaire qui sèche en quelques minutes. Quand les briques sont bien sèches, on fait encore un liant avec la terre, et on monte les murs de la maison ou de la clôture du jardin. La charpente du toit se composent de branches sur lesquelles on dépose de la paille attachée en petits paquets, que l’on étend bien serré pour que la pluie ne pénètre pas dans la pièce. On construit souvent plusieurs maisonnettes: chacune constituant une pièce en soi. L’aire à ciel ouvert au centre de ces cases forme la salle commune; on y cuisine, les enfants y jouent, etc. Il n’est pas rare de trouver des plus petites cases réservées aux animaux (cochons, brebis). On installe également dans la cour des paravents en paille (en secos) avec un toit. Cette pièce est fraîche et protège de la pluie. On l’utilise pour dormir dans les grandes chaleurs.
J’oubliais de parler du grenier à mil. C’est un genre de grosse urne en terre rehaussée avec des pierres et avec un mini toit de paille. On y “stock” le mil pour le consommer en saison sèche.
On rêve bien sûr de maison plus confortable, mais le faible coût de celle décrite la fait choisir comme habitat. On pourrait soutenir que c’est très “vert” comme mode de construction...
P.S. Prochainement (on emploie beaucoup ce mot ici), je vous parlerai de mon travail avec la mairie. Je suis encore dans la phase débroussaillage sur ce à quoi va ressembler mon projet. Allez...prochainement!
vendredi 3 avril 2009
EAU! EAU! EAU!
"La jeune femme sort de chez elle vers 14h avec ses 4 bidons de 20 litres dans la petite brouette qu’elle pousse durant une douzaine de minutes jusqu’au puits. Il y a déjà environ 20 personnes qui attendent. La pompe est manuelle: on tourne une manivelle et l’eau sort du gouleau timidement. La jeune femme remplit ses bidons en alternance avec les autres; elle rentre à la maison vers 17h45. Bientôt la vaisselle et les 5 enfants sont lavés; il restera du liquide précieux pour le matin. Demain la jeune femme ira peut-être au puits près du foyer des jeunes: on y puise l’eau en lançant le récipient et la corde. C’est plus long mais il y a moins de monde."
Comme dans plusieurs localités de l’extrême-nord, Moutourwa a une relation...assez sèche avec l’eau. Précisons d’abord que l’eau courante n’existe pas dans la localité. Il y a plusieurs puits dans la ville centre et d’autres répartis dans les villages, dans les terres. Comme le niveau des puits est actuellement bas, il est plus long puiser le nécessaire. Plusieurs puits fonctionnent mal; certains carrément pas. Bien sûr, le nombre est insuffisant. Le coût d’un forage pour un puits est environ 18 000$CAN. Plusieurs organisations internationales paient pour la majorité du montant: on demande environ 1 000$ à la commune comme part. L’entretien et la réparation sont les responsabilités d’un comité d’usager. Un comité par puits. Certains comités sont prévoyants; d’autres n’ont pas toujours les fonds nécessaires quand le besoin se fait sentir.
J’ai à peine commencé mon travail et jasé avec les gens que je peux vous dire que l’eau ici est la préoccupation la plus grande chez le citoyen en ce qui a trait aux services de base. Dure d’être plus “basic” que l’eau...
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