jeudi 1 avril 2010

WEEKEND AU VILLAGE




Mars se sera déroulé presque entièrement à Moutourwa, après mon escapade au Nord-Ouest en février. Faut croire que voyager commence à fatiguer « son père ». Mais comme je fais beaucoup d’escapades « montagnes » et « vélo » au village et dans les environs, on dira aussi que mon corps se solidifie en vieillissant… Je sais : vous êtes loin et ne pouvez vérifier.
Mon weekend alors? Eh bien, il a commencé vendredi, comme pour vous. Vers 14h30, j’ai enfourché le vélo pour Barawa-Chef et Illir, deux villages liés par de petites montagnes jolies. Arrivant là-bas, je tombe sur le petit marché du vendredi, où l’on ne vend bien sûr que du Bil-Bil… Ma résolution de sobriété pour la soirée risque de tomber. Je ralentis et lance aux gens assemblés qui m’invitent que je continue jusqu’à Illir; je stopperai au retour. À Illir, je discute avec les travailleurs du coton qui sont venu peser et amasser la récolte des gens du village, avant que les pluies ne rendent inaccessible la route pour le gros camion. Je traîne là un peu et en revenant, ce que je redoutais me remis en difficulté d’abstinence…le marché n’était pas terminé. Je confie mon véhicule à un bon samaritain qui le positionne à l’ombre. On me salue, s’extasie de mon guiziga, et on me présente la calebasse. On laisse sous-entendre que je ne bois pas le « muzum »! Il n’en fallait pas plus pour que je salive une fois : on sera sobre le samedi!
Ma halte (ou ma chute) m’aura aussi fait rencontrer le fameux « Fils du paysan », un gars du village qui est journaliste à la CRTV Maroua(la télé et la radio nationale) et qui fait des chroniques sur l’agriculture. Il n’a pas la langue dans sa poche. Il parle de la situation du paysan : analphabète ne parlant pas bien français, qui se fait souvent avoir par les marchands de coton qui ont le monopole. Il discourt un peu sur les effets pervers de la colonisation française et sur la bonté « bonasse » de l’africain. C’est rare d’entendre des gens engagés et qui s’indignent. Je l’écoute avec attention, et termine notre rencontre en lui donnant une copie des contes guiziga. Marketing, you know!

Samedi, je me lève avec l’idée de me rendre à Kola, un village à environ une heure de chez moi. J’appelle Amadou. On part par la brousse, à moto. Rendu à Kola, on se rend un peu à l’écart du village pour découvrir une très belle gorge creusée par la rivière du coin, le Mayo Loti. Comme on est en saison sèche, on descend dans la gorge et passons un bon moment (environ 30 minutes). Revenu vers 14h à la maison, je dors un peu et me rappelle que je mange chez Yougouda ce soir. Je m’apprête, j’achète des liqueurs pour les enfants, et je me dis que j’irai par la suite chercher de la bière froide pour Jacqueline et Bryé Marie (la femme et la mère de Yougouda). J’arrive là et tout est un peu chamboulé. Comme il n’y avait pas de poulet à vendre dans le quartier, le repas est remis. Yougouda me rappelle par contre que nous avions rendez-vous à 15h, et qu’il est 16h. Je bredouille des excuses. Lui m’averti que nous ne pourrons faire les deux grottes, tel qu prévu… J’allume! Je me rappelle que notre ballade dans les grottes de la montagne derrière sa maison – ballade remise à deux reprises – avait lieu ce samedi. Comme je m’étais tapé les gorges le matin, et que j’étais en « gougounes », l’excursion réduite m’allait très bien. On s’est donc mis en route avec son voisin qui connaît bien la montagne. La difficulté de la route et les pierres a demandé vite à ce que l’on enlève les chaussures instables. Comme je n’ai pas le pied aussi solide et cuiré que l’africain moyen, j’ai grimacé à quelques reprises. Les « grottes » ne correspondent pas à ce que l’on est habitué. Il s’agit plus ici de cavités se retrouvant sous les méga pierres formant les montagnes du coin. Yougouda me racontait que les ancêtres se cachaient dans ces cavernes, pour fuir les mercenaires qui capturaient les gens pour la traite négrière. Après ces explications et quelques dizaines de face à face avec les chauves-souris, on est ressorti au grand air. En retournant chez-moi, on est arrêté au bar et on a envoyé les bières promises. J’ai lassé Yougouda au stationnement; il allait au marché du Bil-Bil, je suis rentré, bien décidé à éviter tout alcool pour la journée.
Aujourd’hui dimanche. Dimanche des rameaux. Je suis allé à la messe. Personne à l’église : tous sont sur la route de Missilia. Ils refont l’entrée de Jésus à Jérusalem : je rejoins le père Xavier sur un âne, suivi par des centaines de fidèles. De retour à l’église, c’est l’interminable cérémonie. Je me repose ensuite une partie de l’après-midi dans mon nouveau hangar, me levant de temps en temps pour consoler ma petite voisine Majolie, qui une fois s’est fait tapé par sa sœur, une autre fois par son frère, et qui chaque fois arrive avec le visage plein de « morve ». Vers 16h, je me bouge un peu et vais me promener sur ma montagne préférée, le mont Messengel. Pour changer, je la prend par derrière. Je suis encore ébloui.

Voilà donc mon weekend.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Oi querido Sergio...
Final de semana lotado... Gostei das suas aventuras...As fotos sao lindas!!!wow...O verao chegou...25-28 graus desde uma semana..incrivel
Andamos nas ruas de Camisetas... :)
Estou de folga ate Quarta...que bom
Feliz pascoa para voce! Um abraco forte...Frank XXX